Habitat et vieillissement, ne nous arrêtons pas en si bon chemin.
14.06.2021
viellissement - habitat - intergénérationnel
L'article
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Article écrit par Nathaël.
Selon une étude récente de la DREES « conserver les pratiques actuelles d’entrée en institution des personnes âgées en perte d’autonomie supposerait de doubler dans la durée le rythme d’ouverture de places observé depuis 2012, afin d’accueillir 108 000 résidents supplémentaires en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) entre 2019 et 2030 ».¹ Une gageure.
Le nouveau millénaire s’est ouvert avec la perspective à court terme du vieillissement de la population et d’enjeux renouvelés pour l’aménagement du territoire. Comment adapter la ville, le cadre de vie, l’habitat, (etc.) pour faciliter la citoyenneté, l’inclusion, l’autonomie, le maintien à domicile d’un nombre et d’une proportion grandissante de personnes âgées ? Faut-il rappeler les chiffres ? 1/3 de la population aura plus de 60 ans en 2050, contre 1/5 seulement en 2005.²
En sus – et parfois en alternative – de l’offre médico-sociale d’hébergement classique, l’habitat est progressivement devenu un référentiel consensuel de la manière dont la société envisage de gérer le vieillissement de la population (ARGOUD, 2011). Soit en promouvant et facilitant le maintien à domicile. Soit en encourageant l’essor d’une offre d’habitat intermédiaire à destination des personnes âgées. Par-delà leur grande variété ces offres d’habitat ont pour point commun de proposer des logements adaptés, souvent adjoints de services résidentiels. La loi ASV (Adaptation de la Société au Vieillissement) de 2015 a marqué à ce sujet un temps fort normatif :
La formule de l’habitat intergénérationnel par exemple a connu un essor remarquable : d’une poignée d’opérations à la fin des années 2000’, à plus de 200 résidences quelques années plus tard, sur tous types de territoires. Les résidences intergénérationnelles reposent sur la cohabitation organisée sous un même toit de générations différentes et sur l’espérance encouragée de relations de voisinage solidaires. Dans un cas sur deux, la résidence comporte des espaces communs (jardins, salle commune…), et dans deux cas sur trois des services spécifiques (animation, veille, services à domicile…) complètent aussi le dispositif.³
C’est toutefois particulièrement sous l’étendard de l’habitat inclusif que l’institutionnalisation de ces alternatives résidentielles s’est poursuivie. La loi ELAN de 2018 octroie une définition officielle à la formule⁴, assortie de financements dédiés. Recalibrée sur de « petites opérations », et subordonnée à une culture médico-sociale sectorielle, l’étiquette peine pourtant à embrasser la diversité persistante des réalisations. Si un véritable tournant domiciliaire doit avoir lieu (ie permettre le vieillissement à domicile du plus grand nombre) l’institutionnalisation de l’habitat inclusif telle qu’ébauchée ne devra pas être considérée comme un aboutissement, mais bien plutôt comme un jalon. Largement encouragée par les pouvoirs publics locaux et nationaux, la filière du logement social a joué un rôle essentiel dans la diffusion de modèles d’innovation sociale, dont le processus d’institutionnalisation est toujours en cours. Aujourd’hui au milieu du gué, l’engagement des acteurs publics et de l’habitat continuera d’être primordial dans les décennies à venir pour construire une offre d’habitat permettant de repenser les conditions de maintien à domicile des personnes âgées, dans une société du grand âge.
¹ A. MIRON DE L’ESPINAY et D. ROY (DREES), « Perte d’autonomie : à pratiques inchangées, 108 000 seniors de plus seraient attendus en Ehpad d’ici à 2030. Projections de population âgée en perte d’autonomie selon le modèle Lieux de vie et autonomie (LIVIA) », in Études et Résultats, n°1172, décembre 2020.
² Projections INSEE.
³ N. TORRES, Mixité sociale et vieillissement de la population, quelles perspectives pour un habitat intergénérationnel durable ?, thèse de doctorat, soutenue le 1er/12/2020, sous la direction de C. BROGGIO, Université Lyon 3.
⁴ « L’habitat inclusif est une solution de logement pour les personnes âgées et les personnes handicapées. Cette forme d’habitat constitue une alternative à la vie à domicile et à la vie en établissement. Les habitants y vivent dans des espaces privatifs, tout en partageant des espaces communs et un projet de vie sociale. » _ Portail national d’information pour les personnes âgées : https://www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/habitat-inclusif-un-habitat-et-une-vie-sociale-partages
Selon une étude récente de la DREES « conserver les pratiques actuelles d’entrée en institution des personnes âgées en perte d’autonomie supposerait de doubler dans la durée le rythme d’ouverture de places observé depuis 2012, afin d’accueillir 108 000 résidents supplémentaires en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) entre 2019 et 2030 ».¹ Une gageure.
Le nouveau millénaire s’est ouvert avec la perspective à court terme du vieillissement de la population et d’enjeux renouvelés pour l’aménagement du territoire. Comment adapter la ville, le cadre de vie, l’habitat, (etc.) pour faciliter la citoyenneté, l’inclusion, l’autonomie, le maintien à domicile d’un nombre et d’une proportion grandissante de personnes âgées ? Faut-il rappeler les chiffres ? 1/3 de la population aura plus de 60 ans en 2050, contre 1/5 seulement en 2005.²
En sus – et parfois en alternative – de l’offre médico-sociale d’hébergement classique, l’habitat est progressivement devenu un référentiel consensuel de la manière dont la société envisage de gérer le vieillissement de la population (ARGOUD, 2011). Soit en promouvant et facilitant le maintien à domicile. Soit en encourageant l’essor d’une offre d’habitat intermédiaire à destination des personnes âgées. Par-delà leur grande variété ces offres d’habitat ont pour point commun de proposer des logements adaptés, souvent adjoints de services résidentiels. La loi ASV (Adaptation de la Société au Vieillissement) de 2015 a marqué à ce sujet un temps fort normatif :
- D’une part en souhaitant appuyer les solutions déjà existantes du logement-foyer (tentative de renouveau en Résidences-Autonomies) et de la résidence services séniors (consolidation juridique).
- Mais aussi par la normalisation d’une offre d’habitats innovants et alternatifs dans le logement social, tels que les résidences intergénérationnelles, l’habitat inclusif, les habitat groupés ou partagés pour personnes âgées, etc. grâce à l’autorisation de flécher l’attribution de logements adaptés sur critères d’âges.
La formule de l’habitat intergénérationnel par exemple a connu un essor remarquable : d’une poignée d’opérations à la fin des années 2000’, à plus de 200 résidences quelques années plus tard, sur tous types de territoires. Les résidences intergénérationnelles reposent sur la cohabitation organisée sous un même toit de générations différentes et sur l’espérance encouragée de relations de voisinage solidaires. Dans un cas sur deux, la résidence comporte des espaces communs (jardins, salle commune…), et dans deux cas sur trois des services spécifiques (animation, veille, services à domicile…) complètent aussi le dispositif.³
C’est toutefois particulièrement sous l’étendard de l’habitat inclusif que l’institutionnalisation de ces alternatives résidentielles s’est poursuivie. La loi ELAN de 2018 octroie une définition officielle à la formule⁴, assortie de financements dédiés. Recalibrée sur de « petites opérations », et subordonnée à une culture médico-sociale sectorielle, l’étiquette peine pourtant à embrasser la diversité persistante des réalisations. Si un véritable tournant domiciliaire doit avoir lieu (ie permettre le vieillissement à domicile du plus grand nombre) l’institutionnalisation de l’habitat inclusif telle qu’ébauchée ne devra pas être considérée comme un aboutissement, mais bien plutôt comme un jalon. Largement encouragée par les pouvoirs publics locaux et nationaux, la filière du logement social a joué un rôle essentiel dans la diffusion de modèles d’innovation sociale, dont le processus d’institutionnalisation est toujours en cours. Aujourd’hui au milieu du gué, l’engagement des acteurs publics et de l’habitat continuera d’être primordial dans les décennies à venir pour construire une offre d’habitat permettant de repenser les conditions de maintien à domicile des personnes âgées, dans une société du grand âge.
¹ A. MIRON DE L’ESPINAY et D. ROY (DREES), « Perte d’autonomie : à pratiques inchangées, 108 000 seniors de plus seraient attendus en Ehpad d’ici à 2030. Projections de population âgée en perte d’autonomie selon le modèle Lieux de vie et autonomie (LIVIA) », in Études et Résultats, n°1172, décembre 2020.
² Projections INSEE.
³ N. TORRES, Mixité sociale et vieillissement de la population, quelles perspectives pour un habitat intergénérationnel durable ?, thèse de doctorat, soutenue le 1er/12/2020, sous la direction de C. BROGGIO, Université Lyon 3.
⁴ « L’habitat inclusif est une solution de logement pour les personnes âgées et les personnes handicapées. Cette forme d’habitat constitue une alternative à la vie à domicile et à la vie en établissement. Les habitants y vivent dans des espaces privatifs, tout en partageant des espaces communs et un projet de vie sociale. » _ Portail national d’information pour les personnes âgées : https://www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/habitat-inclusif-un-habitat-et-une-vie-sociale-partages