Je travaille au sein de la Maison Solid’Air, la maison des projets de la résidence intergénérationnelle Cocoon'Ages, située proche d'un quartier prioritaire de la ville (QPV). Il est important de noter que si la résidence elle-même est de l’habitat intermédiaire et non du logement social, elle est entourée de différents types d’habitats, dont des résidences en accession à la propriété et une résidence de logements sociaux. La Maison Solid’Air est ouverte à tous ces habitants.

L’un des défis majeurs est de réussir à faire de cet espace un lieu où chacun trouve sa place, où l’on puisse dépasser les différences culturelles et atténuer les tensions ou jalousies qui peuvent exister. Il faut que la maison soit perçue comme un lieu de rencontre et de partage, mais aussi qu’elle réponde aux besoins fondamentaux des habitants. Or, ces besoins sont souvent très concrets et immédiats : pour certains, l’urgence quotidienne tourne autour de la gestion du foyer, de la sécurité, et de l’organisation familiale. La mixité sociale est un bel idéal, mais sa mise en œuvre est complexe car les modes de vie et les priorités sont très différents d’un habitant à l’autre.

L’un des atouts de la Maison Solid’Air est d'être un espace neutre et accessible à tous. Il est placé stratégiquement au cœur de la résidence et accueille diverses activités qui permettent de toucher des publics variés en fonction des horaires et des thèmes abordés. Chacun peut venir comme il est, proposer des initiatives ou simplement participer. Cet espace devient alors un point de rencontre entre différentes communautés et générations qui, sans cela, auraient peu d’occasions d’interagir.

Les activités qui rassemblent autour de la convivialité et du partage culturel fonctionnent bien. Par exemple, les repas partagés où chacun prépare un plat typique de son pays permettent d’ouvrir le dialogue sur les traditions culinaires et de créer du lien. On voit ainsi se constituer un petit groupe de 6 ou 7 habitants qui prennent plaisir à cuisiner ensemble.

Les petits déjeuners partagés du dimanche matin sont également un succès : chacun apporte quelque chose et c’est un moment de détente qui permet des échanges informels entre voisins.

Les activités et animations offrent une opportunité de sortir de son cercle habituel, de découvrir de nouvelles personnes et d’autres façons de voir le monde. Cela peut parfois bousculer les habitudes, mais c’est aussi une ouverture sur l’autre et un enrichissement personnel.

Il faut avant tout être très à l'écoute, sans jugement, car chacun a sa propre réalité et ses propres priorités. L’adaptabilité est essentielle pour comprendre les besoins des habitants et proposer des actions qui aient du sens pour eux. Il est fondamental de ne pas imposer une vision extérieure, mais de construire avec et pour les habitants. Enfin, il faut garder à l’esprit que, si l’idée de mixité sociale est très belle en théorie, sa mise en œuvre est souvent complexe et dépend énormément du contexte local, notamment du niveau de sécurité du quartier.