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Réciprocité - Réciprocité - Accompagner le vieillissement de la population : un enjeu pour les collectivités territoriales

Accompagner le vieillissement de la population : un enjeu pour les collectivités territoriales

22.05.2024 collectivités - territoires - accompagnement
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L'actualité

Témoignage de la commune de Lormont
 
Lormont est une commune de 22 000 habitants de la Métropole de Bordeaux. Elle s’est engagée dans une réflexion sur le vieillissement de sa population à travers la création d’un Pôle de Coopération Gérontologie Handicap, un quartier inclusif rassemblant des acteurs du bien-vieillir au cœur de la commune. Le projet est porté par un comité de pilotage transversal associant élus, bailleurs sociaux, acteurs de la santé, médico-sociaux, et partenaires institutionnels.

Lormont est également adhérente au Réseau francophone Villes amies des ainés depuis 2018.

En 2024, Récipro-Cité accompagne la commune dans la réalisation d’un diagnostic de territoire et la conduite d’ateliers participatifs en avril avec les personnes âgées, visant à établir un plan d’action.

 
Marielle DESCOUBES-SIBRAC, Adjointe à la solidarité, à la santé, aux séniors et au handicap, et Emilie RUBIO, Responsable du service soutien à l'autonomie, CCAS de Lormont, répondent aux questions de notre responsable de projets Bergamote Herpin.


Pourquoi le vieillissement de la population est-il un enjeu pour votre commune, et pour les collectivités territoriales en général ?

M. D-S. : A Lormont, nous nous sommes saisis de cette thématique au début du mandat précédent, avec cette idée de notre maire de rassembler tous les établissements qui accueillent les séniors autour de la mairie, des transports, des services, en créant une logique de parcours - le Pôle de coopération Gérontologie Handicap.

Nous avons travaillé avec un cabinet qui a réalisé une analyse des besoins sociaux orientée séniors. Cela m'a ouvert les yeux sur cette problématique que je n'avais pas appréhendée : on prépare sa vieillesse jeune. Cela a beaucoup cheminé depuis, y compris dans ma vie personnelle. On se demande : comment vais-je vivre dans 10 ans ? C'est une question que la plupart des générations qui nous précèdent ne se sont pas posée, par crainte du vieillissement, de la mort, et parce qu'elles n'ont simplement pas été habituées à y réfléchir.

Sur la ville de Lormont, on a une population vieillissante qui reste, voire qui revient vieillir chez nous. Nous avons des populations qui vieillissent sur le parc locatif de la commune, et de moins en moins de populations immigrées qui rentrent vieillir au pays. Cela se comprend car les commerces, les services, les transports, les médecins sont là. 

Nous avons tout ce qu’il faut pour anticiper la perte d'autonomie. Le rapport Broussy – Nous vieillirons ensemble : 80 propositions pour nouveau Pacte entre génération – parlait beaucoup de l'enjeu de se rapprocher des territoires urbains, ou de se regrouper en des lieux facilement desservis. Lormont est la ville du quart d'heure, même si pour certains quartiers résidentiels comme le bas Carriet, il va falloir trouver des alternatives sur le transport.

Étant une ville assez représentative de la population métropolitaine, il me semble que les problématiques sont semblables sur les autres territoires de la Métropole. Mais certaines villes ont beaucoup moins de facilités que chez nous, ce n'est pas toujours évident en termes de mobilité, qui est un enjeu central quand on vieillit.

Le travail sur le Pôle de coopération gérontologique a pris de l'ampleur et c'est aujourd'hui un projet phare du territoire.


Quels sont les enjeux les plus prégnants pour les seniors de votre territoire ?

M. D-S. : Il y un sentiment d'insécurité éprouvé par certains, qui a pu être évoqué lors des ateliers participatifs, sur lequel la commune a peu de prise. C’est davantage un sentiment qu’une réalité. Pour le reste, beaucoup de choses sont mises en place comme le Plan canicule, Monalisa contre l’isolement...

E. R. : Au niveau du Pôle gérontologie, nous aimerions investir le parc des Lauriers pour y faire des aménagements spécifiques pour les séniors, des cheminement doux entre les établissements. Il y a une marge d’amélioration sur le confort des espaces publics en installant des bancs, des toilettes publiques, une fontaine à eau... et ainsi créer un quartier "bienveillant séniors" identifié.

En quoi est-il important de faire intervenir activement les usagers dans l'élaboration du diagnostic et du plan d'actions ?


M. D-S. : Demander l'avis des principaux concernés, cela semble être la base ! Mais c'est trop rarement fait. Les ateliers participatifs que nous avons organisés avec les séniors ont été très intéressants, car en premier lieu, ils ont permis d'informer. En sont ressorties des idées à creuser, des choses faciles et pragmatiques à mettre en place rapidement.

E. R. : Lors des ateliers, a par exemple été évoquée la problématique de la communication en direction des séniors, qui ne se considéraient pas suffisamment informés : en réponse, notre service communication a déjà prévu un bandeau dans le prochain Lormont Actualités qui s'adresse aux séniors.

M. D-S. : En effet, nous avons souvent ce retour de la part des personnes : "on ne sait pas comment avoir l'information". C'est difficile, car on parle d'une frange de la population qui n'est pas connectée, qui n'est pas à l'aise avec tous les outils.

 

Dans ce contexte, comment la commune de Lormont s'engage-t-elle aujourd'hui en faveur du bien-vieillir ? En quoi la démarche menée sur le territoire est-elle innovante ?


M. D-S. : Par l'adhésion au Réseau francophone Villes amies des ainés et la recherche du label « Ami des ainés », nous nous sommes engagés dans une démarche qui nous "oblige".

C'est une démarche de concertation, de construction, de réflexion partagée. Nous n'avions pas mesuré l'ampleur du travail à mener : sensibiliser les élus, les services de la ville... Le fait que ce soit transversal, entre tous les services municipaux, c'est très important. La transversalité ne s'impose pas, elle se construit autour de projets. Chacun apporte sa pièce à l'édifice sur le sujet.


Quelles sont les étapes nécessaires à la mise en œuvre d’une stratégie répondant aux besoins des ainés d’aujourd’hui et de demain ?

M. D-S. : La concertation des personnes elles-mêmes, la création d'espaces de réflexion, de partage entre les services municipaux, c'est capital.

C'est toujours difficile de se projeter sur les besoins à horizon 30 ans. Les jeunes d'aujourd'hui, qui seront âgés dans plusieurs décennies auront des besoins différents. Nous avons créé les instances pour y réfléchir. Il faut constamment être en veille pour anticiper les besoins.  Nous avons besoin d'être accompagnés pour cela, pour ne pas se tromper dans ce qu'on va proposer.


E. R. : Nous travaillons déjà avec les bailleurs, nous réfléchissons par exemple à l'opportunité de créer une deuxième résidence autonomie, à l'habitat inclusif, à des formes de colocation séniors... Il existe aussi des grandes maisons de ville acquises par les communes et entièrement adaptées pour les personnes qui ne veulent pas quitter leur quartier. L’objectif est de permettre de vieillir le plus longtemps possible à domicile.


M. D-S. : Ce qui me terrifie à titre personnel, c'est d'être obligée d'aller en EHPAD. Il faut vraiment construire des alternatives, changer le fonctionnement et la façon parfois déshumanisante de considérer les personnes âgées. J'ai vu un exemple d'EHPAD où les personnes peuvent diner à l'heure qu'elles souhaitent, comme au restaurant ; un autre exemple d'EHPAD dans les Landes, qui ressemble à un petit village, avec un petit jardin... C'est important de pouvoir se sentir chez soi, et pas dans une chambre d'hôpital.

La population vieillit, on est la vieille Europe, il faut y songer dès à présent. Je pense que les générations qui arrivent anticiperont mieux leur vieillissement, en tout cas si les services publics y pensent pour elles dès aujourd’hui, c'est déjà amorcer la réflexion. Les gens pensent par exemple à l'aménagement de la salle de bain et l’adaptation de leur logement, il y a eu des aides de l'Etat : c'est un gros progrès que les pouvoirs publics se soient saisis de ça. Aujourd'hui, il est urgent d'y réfléchir pour la génération qui n'y a pas réfléchi.

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Réciprocité - Media Marielle DESCOUBES-SIBRAC, Adjointe à la solidarité, à la santé, aux séniors et au handicap, et Emilie RUBIO, Responsable du service soutien à l'auton